L'Alumni du mois de décembre 2019
Karim Bennouna
Consultant en Finance et Management, Comexfi Consulting Sociedad Limitada
Un Iscaiste au Pays de Cervantès
La Bio
Né le 26 Juin 1964 à Rabat.
Diplômé du cycle normal, promotion 1986. Option Commerce Extérieur.
Parcours professionnel:
Audit (cabinets au Maroc et en Espagne), Directeur Audit et de Contrôle de Gestion avant d’être nommé Directeur Général Adjoint (15 ans chez BMCE Bank Espagne), Country Manager (AMDIE en Espagne), Directeur Succursale de la Banque Centrale Populaire au Royaume Uni (Chaabi Bank), retour en Espagne pour poste de Consultant en Finance et en Commerce International.
Initier ma carrière dans l'audit a été un bon choix car cette fonction constitue un tremplin précieux pour comprendre rapidement toutes les fonctions et les processus d'une entreprise. J'ai intégré par la suite le secteur bancaire, car dans la banque, vous apprenez d'abord un métier où la finance, les analyses et les risques sont constamment à l'ordre du jour.
Pourquoi l'Espagne ?
Deux ans après l'obtention de mon diplôme, je pris la décision de m'installer définitivement à Madrid. Mes parents avaient un poste là-bas et à cette époque là, l'Espagne comptait quelques milliers de marocains. Le Visa n'était pas encore exigé.
Situation familiale ?
Je suis marié et père de 2 garçons de 20 et 11 ans et d'une fille de 18 ans.
Activités extraprofessionnelles:
Membre d'une ONG britannique «Grow Movement». A Londres, j'étais leur Trésorier et je faisais partie du board of trustees qui réunissait des lauréats de la London Business School. J'ai eu le privilège de revivre l'ambiance estudiantine dans cette grande école. En 2015, je fus nommé pour le prix du Financial Leadership of Small Charities. Classé troisième, je n'ai pu que partager une belle boite de chocolat avec mes collègues.
J'aime faire du bénévolat, notamment assister les petites entreprises en difficulté avec des problèmes de financement, de croissance ou de rentabilité. Après un certain temps, J'ai découvert que c'était plutôt moi qu'on aidait car le bénévolat est une source d'apprentissage et de satisfaction. Ne dit-on pas d’ailleurs que le meilleur moyen d'apprendre, c'est d'enseigner.
J'ai peu de temps pour le sport et j'en suis conscient. De temps en temps, quelques tours en vélo, de la marche ou un match de tennis. Néanmoins, ma vrai passion, c'est la simulation de vol. Je suis membre de VATSIM et IVAO avec plus de 600 heures de vols à mon actif.
L'Interview
Quelles études avez-vous suivi à l’ISCAE ?
J'ai suivi des études du cycle normal. J'avais choisi l'option «Commerce Extérieur» car je me sentais proche de tout ce qui était international et s'associait à des cultures différentes.
Quel est votre meilleur souvenir ?
La vie estudiantine nous a tous marqué et nous a laissé de très bons souvenirs, en particulier ceux qui étaient internes. Néanmoins, la liberté que nous avions pour décider de notre avenir reste mon meilleur souvenir. J'ai aussi été marqué par une journée de rencontre avec des chefs d'entreprises à L'ISCAE. La veille, mes camarades et moi avions dépensé la totalité de notre bourse à la Médina afin de nous procurer de beaux habits. L'image me revient souvent est celle où nous étions debout, réunis en petits groupes avec les entrepreneurs devant la piscine de l'ISCAE, entrain d'échanger nos opinions sur la finance, l'organisation, le marketing..., enfin on déballait tout ce qu'on avait appris en classe. Nous nous sommes sentis très importants ce jour là et je pense même que c'étaient les prémices de notre entrée dans la vie active.
Avez-vous gardé des contacts avec des anciens de votre promotion ?
Absolument, notre promotion de 1986 est en contact à travers les réseaux sociaux et nous organisons régulièrement des rencontres à Casablanca.
Que vous ont apporté vos études dans votre parcours professionnel ?
D'abord la confiance en soi qui permet d'affronter de nouveaux challenges avec sérénité. Ensuite, l'aptitude à pouvoir s'adapter à toutes les situations, à réfléchir d'une manière structurée et à décider en connaissance de cause. Dans les années 80, on nous appelait l'école des cadres polyvalents.
Quelle image avez-vous de l’ISCAE aujourd’hui ?
Je garde toujours l'image d'une grande école qui a réussi à se hisser parmi les grands et qui s'est énormément développée au vu de ses programmes, ses activités et ses associations. En Afrique, l'ISCAE jouit d'une bonne réputation et elle n'a rien à envier aux grandes Business School européennes. Donc pour les étudiants d'aujourd'hui, il n'y a pas d'excuses pour ne pas être parmi les meilleurs. Remarquez que dans mon temps, aucun de nous n'avait un ordinateur personnel. Il fallait attendre l'ouverture de la bibliothèque pour compléter les travaux de recherches.
Pourquoi avoir opté pour l’Espagne ?
Au fait, j'avais rejoins mes parents qui avaient déjà un poste à Madrid.
Le titre «un Iscaiste au pays de Cervantés » m'a bien amusé. Le Pays de Cervantés est en effet l'idée que les espagnols ont inculqué partout dans le monde au pur style du Marketing américain. Il existe en effet des Cervantistes professionnels qui ont défendu à tort l'Espagne du hidalgo. Or, nul ne peut nier ni l'empreinte de 8 siècles de coexistence chrétienne, juive et musulmane, ni les 4 siècles d'art et de littérature mudéjars qui ont façonné la civilisation espagnole. Finalement, vous voyez bien que je n'ai fait que rejoindre les miens, avec un peu de retard, certes.
Comment développer sa carrière à l’international ? Quelles sont les compétences à maîtriser?
Développer une carrière à l'international n'est pas chose facile au vu de la concurrence et de la diversité des candidats. Aujourd'hui le mot d'ordre est « se démarquer ». Il convient de comprendre d'abord les mécanismes locaux et de rejoindre des groupes multiculturels car ce sont eux qui vont mieux vous guider. Chaque pays a ses particularités et dans la majorité des cas, vous trouverez des agences publiques spécialisées pour vous aider. Ensuite, comptez sur vous et réfléchissez à chaque pas. J'insiste sur la réflexion car les réseaux sociaux regorgent de « tips » et de conseils. Personnellement je les utilise comme aide-mémoire pour développée mes propres conclusions.
Parmi les compétences nécessaires je citerais la maîtrise de langues, une certaine sensibilité à la diversité culturelle afin de pouvoir s'adapter rapidement, être autodidacte et persévérant.
Quels conseils donnez-vous aux les nouveaux lauréats Iscaistes et à ceux qui ont déjà de l’expérience ?
Prenez le temps de vous isoler et de réfléchir. Nous vivons aujourd'hui dans un monde appelé « VUCA world » en référence à sa Volatilité, son Incertitude, sa Complexité et son Ambiguïté, et donc vous devez apprendre à vous adapter aux changements et à être en alerte continue pour aiguiser vos stratégies.
Le monde des affaires est devenu très complexe. Nous assistons à des chutes inimaginables de grandes compagnies, autrefois empires, comme KodaK. Qui aurait prévu que la plus grande chaîne hôtelière n'aura aucun hôtel (Airbnb) ou la plus grande compagnie de Taxi, n'aura aucun véhicule dans son actif (UBER)...
Il faut donc être en mesure de prévenir afin de subsister, de suivre de près les indicateurs d'activités, les changements de notre environnement, faire du benchmarking et surtout dédier une part des bénéfices à l'innovation et à la recherche.
Pour les petites entreprises, je les invite toujours à créer une cellule de contrôle de gestion (budget, analyses de rentabilité, benchmarking,...) car cela leur permet de prendre des décisions au bons moments et de prendre au sérieux toute nouveauté dans leur secteur.
Aux nouveaux lauréats Iscaistes, OFFREZ VOS COMPETENCES, vendez vous et montrez ce que vous pouvez apporter à votre futur employeur. N'ayez pas peur de vous démarquer et de sortir de l'habituel, on comprendra que vous êtes unique et que vous avez du caractère . Aujourd'hui personne n'offre du travail mais cherche à payer pour un service rendu. Alors évitez de commettre cette erreur de chercher du travail et a buen entendedor pocas palabras.
Propos recueillis par Abbas Msefer