L'Alumni du mois de février 2021 :
Hamid Bouchikhi
Doyen de SolBridge International School of Business, Daejeon, Corée du Sud, membre de la Commission spéciale sur le modèle de développement et membre de l’Institut marocain d’intelligence stratégique
La Bio
Né en 1959 à Ain-sfa, province d’Oujda, Hamid est diplômé diplôme du Cycle Normal en 1981.Il fait partie de la septième promotion de l’ISCAE. Il a ensuite effectué son service civil au Ministère d’Etat chargé de la Coopération (1981-83), puis a suivi des études doctorales en France (1983-88). Entre 1988 et 1990, il est chercheur au Centre de Recherche en Gestion de l’École Polytechnique. En 1990, il devient professeur à l’ESSEC jusqu’en 2019. Depuis septembre 2019, il est Doyen en de SolBridge International School of Business (depuis).
Hamid est également membre de l’Institut Marocain d’Intelligence Stratégique (IMIS) et membre d’honneur de l’ALISCA.
L'Interview
Quelles études avez-vous suivi à l’ISCAE ?
J’ai suivi le cycle normal, option finance –comptabilité.
Quel est votre meilleur souvenir ?
La question est vraiment très difficile. Les quatre années vécues à l'ISCAE ont été remplies de bons moments. Puisqu’il faut choisir, je retiens la réception du résultat du concours d’entrée. J’avais tout misé sur l’ISCAE et avais décliné une bourse pour aller étudier en France. Je n’ai jamais regretté ce choix.
Avez-vous gardé des contacts avec des anciens de votre promotion ?
Naturellement. Je me suis fait des amis pour la vie à l'ISCAE. Quand je les retrouve, j’ai l’impression que nous n’avons jamais été séparés.
Que vous ont apporté vos études dans votre parcours professionnel ?
Le curriculum généraliste m’a initié à plusieurs disciplines et m’a permis de découvrir la théorie des organisations, domaine que j’ai approfondi dans mes études doctorales et où j'ai ancré une bonne partie de mes activités de recherche.
J’ai aussi beaucoup appris de mon engagement extra-scolaire dans la vie de l’école, en tant que membre de ce qu’on appelait à l’époque la Corporation des étudiants. J’y ai appris à travailler dans un groupe, à parler en public, à négocier avec la direction et à mener des actions collectives. Nous étions un peu agités à l’époque mais nous y avons appris des ‘soft skills’ qui nous ont beaucoup servi.
Quelle image avez-vous de l’ISCAE aujourd’hui ?
Je ne suis pas suffisamment proche de l’école pour répondre à la question. De loin, je vois que l’école garde son leadership dans le paysage national, ce qui ne va plus de soi, et développe sa visibilité internationale. Je m’en réjouis.
Quel message avez-vous à transmettre aux nouveaux lauréats de l’ISCAE ?
Je ne suis pas sûr d’avoir un message pertinent pour tous les lauréats. Puisqu’il faut jouer le jeu, je voudrais inviter mes condisciples à profiter de leur temps à l’ISCAE pour découvrir leur voie et construire leur projet professionnel et personnel, en toute indépendance. Quand on est jeune, on subit de fortes pressions sociales et familiales qui peuvent facilement pousser au conformisme. Il faut apprendre à dire ‘Je’.
Pourquoi avoir opté pour l’enseignement au lieu d’une carrière au sein d’une entreprise ?
Quand je suis parti poursuivre mes études en France, je ne savais pas vraiment ce que je voulais faire. J’ai eu la chance de rencontrer de grands esprits à l’Université Paris-Dauphine et au Centre de Recherche en Gestion de l’Ecole Polytechnique qui m’ont fait aimer la recherche et ont fait basculer mon orientation professionnelle dans cette direction.
Quels sont les défis d’un Doyen d’université en Corée du Sud ?
Les défis sont nombreux. Il faut s’adapter à un nouveau pays et à une culture très différente de toutes celles dont j’avais fait l’expérience au cours de mes voyages et séjours a l’étranger. Il faut aussi s’intégrer dans une nouvelle école et entrer dans les habits du doyen. J’avais conscience de la difficulté de la transition mais je ne pouvais pas laisser passer une occasion qui ne se présente qu’une fois dans une vie. A posteriori, je suis très heureux d’avoir fait le grand saut et quitterai la Corée avec beaucoup de souvenirs et de leçons.
En bref, quels sont les clés de succès de la Corée du Sud ?
Beaucoup de gens ont cherché la réponse à cette question. Pour moi, le succès de la Corée du Sud repose sur un tryptique simple à exposer et très difficile à mettre en œuvre : volontarisme, pragmatisme et discipline. Quand un peuple se révolte contre le sous-développement, rien ne peut l’arrêter.
Quelles sont les nouvelles compétences qu’un Iscaeiste doit avoir pour performer que ce soit en tant qu’entrepreneur ou en tant que salarié ?
Décidément, vous en posez des questions difficiles. Je vais enfoncer une porte ouverte et souligner l’adaptation et l’apprentissage permanents. Il faut savoir se dépouiller de ses certitudes. Ne vous accrochez pas trop aux spécialités que vous étudiez et aux libellés de vos diplômes. Ils peuvent devenir des œillères qui empêchent la découverte d’autres opportunités. Et puisque nous vivons à l’ère du digital, je dois ajouter qu’un jeune diplômé doit évoluer dans le digital comme un poisson dans l’eau.
Quelles sont vos conseils pour qu’un iscaeiste puisse développer sa carrière à l’international ?
Voyager, maîtriser l’anglais, compléter sa formation afin de faciliter l’insertion professionnelle dans le pays où on souhaite poser ses valises.
Quels enseignements à retenir de la Crise de la Covid-19 ?
Il est trop tôt pour tirer des enseignements d’une crise qui n’est pas encore derrière nous. A ce stade, nous constatons que les pays qui ont subi le moins de pertes humaines, sociales et économiques s’étaient préparés à faire face à une crise sanitaire. L’extrême discipline de leur population a fait le reste. Pour information, à l'heure où je réponds à votre question (le 17 février 2021), la Corée du Sud n’a pas encore entamé la vaccination. Avec moins de 300 nouveaux cas et moins de 10 décès par jour, sur une population de 55 millions, les autorités prennent leur temps.
Propos recueillis par Abbas Msefer (CN 2000)
avec admiration