L'Alumni du mois de février 2018
Maria Aït M’hamed
co-fondatrice et directrice associée de Bonzai Agency et présidente de l’UACC (Union des Agences Conseil en Communication)
La Bio
Maria est née le 20 avril 1976, à Rabat. Sa famille a déménagé juste après sa naissance à Casablanca.
Elle a fait ses études primaires et secondaires dans le réseau AEFE, et décroché son bac Sciences Mathématiques, option OIB, avec mention bien.
Elle a ensuite rejoint l’ISCAE en 1994, et obtenu en 1998 son diplôme du Cycle Normal option Finances. Elle a intégré Mobil Oil Maroc avant même la cérémonie de remise des diplômes, puisque qu’elle a été recrutée dans le cadre du Forum de recrutement de l’ISCAE. Elle a rejoint le département Finances de cette société, où elle a géré la comptabilité inter-filiales, et contribué à la création du système comptable de la filiale mauritanienne.
Au bout de 6 mois, prenant conscience que la Finance ne lui apportait pas l’émulation qu’elle recherchait dans un job, elle a accepté l’offre de FC Com, alors en mode start-up, et contribué à la naissance et à l’essor de l’affichage 4x3 au Maroc. Au sein de cette société et pendant une année, elle a touché à la comptabilité, le commercial, mis en place les process de l’organisation et crée les outils de présentation et de vente, etc.
Une agence de la place, Team Direct, rebaptisée LTB quelques mois plus tard, lui a ensuite proposé de rejoindre l’équipe en qualité de chef de projets. Elle a accepté l’offre, la communication étant un secteur qu’elle avait pu approcher de près à FC Com, et qui lui paraissait riche en apprentissages, en rencontres et en défis.
Elle a pu, au bout de 3 mois, monter rapidement en compétence, faire ses preuves, et gérer l’un des plus gros comptes de l’agence, Méditel (actuellement Orange), 1er opérateur de téléphonie mobile privé au Maroc, alors en phase de lancement.
Ce sont 4 ans et demi passées à LTB, où elle a pu évoluer, faire le tour des métiers, gérer des problématiques et des comptes divers, et vivre sa première expérience de manager en sa qualité de Directeur Général adjoint.
S’en est suivie une période d’introspection et de remise en question, où elle a eu besoin de changer de secteur. Elle a donc démissionné, pris quelques semaines de repos, puis décidé de prendre la direction de l’ALCS (Association de Lutte Contre le Sida), à mi-temps, pendant une période de 3 à 4 mois. Très belle expérience, riche en rencontres, mais qui l’a conforté dans ses premiers amours : la Com était décidément son domaine de prédilection. Elle a donc rapidement rempli sa demi-journée libre en acceptant le poste de Directeur des Relations Presse et Publiques à l’agence Boomerang, avant de quitter l’ALCS et d’intégrer l’agence à plein temps, en qualité de Directeur Stratégie, Développement et Relations publiques.
Puis les sirènes de l’entrepreneuriat l’ont appelé avec la création de Piment Rouge, filiale de Boomerang, dédiée au départ aux métiers hors-média. Elle a pu créer et dirigé Piment Rouge, pendant près de 3 ans, tout en assurant ses fonctions de Directeur Stratégie à Boomerang les deux premières années.
Elle a ensuite décidé de créer sa propre agence en décembre 2009, baptisée Bonzai, en association avec un collaborateur.
9 ans plus tard, Bonzai Communication est l’une des agences respectées de la place, pour son sérieux et sa créativité. Il s’agit d’une brand care agency de quarante personnes qui accompagne des marques de premier plan, tels que le groupe CDG, OCP, Saham Immobilier, TGCC Immobilier, Al Barid Bank, la destination Saïdia, Avon, le pôle éducation du Groupe Saham,… sur des problématiques globales et parfois complexes, et sur l’ensemble des métiers du branding et de la communication.
Bonzai Communication est connue pour sa traditionnelle Love Box, adressée chaque année, à l’occasion de la Saint-Valentin, à ses clients, partenaires et amis.
Depuis quelques mois, Maria a l’honneur de représenter sa profession, en qualité de présidente de l’Union des Agences Conseil en Communication. Cette association a pour mission de représenter les agences membres, d’agir dans l’intérêt de la profession, et de contribuer au développement de l’écosystème de la communication au Maroc à travers la valorisation du métier, la formation,…
A travers Bonzai, Maria est investie dans l’associatif en participant au Réseau Entreprendre Maroc qui soutient l’Entrepreneurship, en assurant un accompagnement bénévole d’associations pour les doter d’outils et supports de communication ou encore en organisant des actions citoyennes, comme celle qui est en cours et qui consiste à remettre à niveau une école primaire à quelques kilomètres de Bir Jdid (Mise à niveau des infrastructures et des équipements) en la dotant d’une nouvelle salle de classe pour le pré-primaire. Elle lance d’ailleurs un appel aux amateurs, qui souhaiteraient y participer…
Maria est mariée et maman de trois enfants âgés de 9, 7 et 1 an, une fille et deux garçons.
L'Interview
Quelles études avez-vous suivi à l’ISCAE ?
Je suis diplômée du Cycle Normal de l’ISCAE, option Finances.
Quel est votre meilleur souvenir ?
Sans aucun doute, celui des Journées Portes Ouvertes 1998, que j’avais eu le plaisir de co-organiser en qualité de Responsable de la Commission Scientifique. Nous avions réussi à inscrire cette édition parmi les plus réussies, en assurant une programmation scientifique exceptionnelle, en mobilisant des intervenants venus du monde entier, en organisant une très belle soirée de clôture… tout cela en laissant un excédent budgétaire dans les caisses de l’ISCAE grâce à l’excellent travail de nos camarades de la Commission Sponsoring.
En Bonus, Je citerai également le souvenir de nos heures de farniente sur les pelouses, au bord de la piscine.
Avez-vous gardé des contacts avec des anciens de votre promotion ?
Malheureusement, pas autant que je l’aurais souhaité. J’ai par contre la chance de collaborer régulièrement et étroitement avec d’anciens camarades de classe.
Nous avons aussi organisé un événement « Back to School » pour la promo 98 en décembre 2015, qui a rassemblé une trentaine de camarades, dans un cadre festif et convivial. Un très bon moment de retrouvailles, que nous nous étions promis de rééditer pour le 20ème anniversaire de notre promo…en 2018 donc
Que vous ont apporté vos études dans votre parcours professionnel ?
Beaucoup de pragmatisme avant tout. Avant l’ISCAE, j’estime que je ne connaissais pas la réalité de mon pays, la réalité du monde du travail. L’ISCAE nous apprend à dépasser nos limites, à « faire avec » et à « faire sans » ; en somme, on apprend à être des « solution providers », on gagne en débrouillardise.
L’ISCAE est également un excellent laboratoire humain. Les relations élèves – professeurs, élèves – administration, et inter-élèves sont fondatrices. L’expérience de la junior-entreprise, celle des JPO, sont également de formidables opportunités pour grandir et s’ouvrir aux autres.
Au-delà des hard skills que l’on acquiert à l’ISCAE, c’est avant tout les soft skills, fondements de l’intelligence émotionnelle, que l’on apprend.
Quelle image avez-vous de l’ISCAE aujourd’hui ?
Une image très positive. J’ai salué l’arrivée d’une femme à la tête de l’ISCAE, qui plus est une femme que j’ai eu le plaisir d’avoir comme enseignante. J’estime que les femmes sont des communicantes nées, qu’elles ont des aptitudes émotionnelles indispensables dans le milieu éducatif.
L’ISCAE continue également à créer des passerelles avec le monde de l’entreprise, ce qui est essentiel pour répondre aux attentes du monde du travail.
Je regrette simplement que l’école ne sollicite pas assez ses anciens lauréats pour enseigner, pour inspirer, pour assurer une sorte de mentoring auprès des nouvelles générations d’élèves.
Quel message avez-vous à transmettre aux nouveaux lauréats de l’ISCAE ?
Je leur dirai de ne pas oublier que le travail finit toujours par payer. J’ai en effet le sentiment que la culture du travail se perd de nos jours, que l’on veut tout et très vite, sans efforts.
Ne comptez pas vos heures de travail, investissez-vous, et vous verrez que les fruits de vos efforts seront au rendez-vous.
Je leur conseillerais aussi de privilégier les parcours et les expériences où ils apprendront le plus. Les premières années de travail sont celles qui nous construisent le plus, elles sont une école en soi. Si vous n’apprenez plus rien, changez de boulot, ou optez pour une formation en part-time.
Je leur rappellerai de rester humbles, mais affirmés. De rester à l’écoute, et de défendre ses idées. De ne pas oublier qu’à l’ère du digital et de l’intelligence artificielle, désapprendre est aussi important qu’apprendre.
Les métiers de demain n’existent pas encore aujourd’hui, c’est une formidable opportunité pour tracer notre propre chemin, de créer notre métier à notre image, celui qui répondre à une attente forte chez le consommateur, et qui donnera vie à nos passions.
Je leur dirai surtout de faire ce qu’ils aiment le plus. Car quand on aime notre job, on ne compte plus les heures, on se dépasse, et on finit par être les meilleurs et à vivre confortablement de notre passion.
Pourquoi avoir opté pour l'entrepreneuriat au lieu du salariat ?
Justement, pour pouvoir façonner mon job sur mesure.
J’ai été salariée pendant une dizaine d’années, avant de décider de monter ma propre structure. Je précise également que j’ai eu la chance de pouvoir monter une entreprise de zéro pour le compte de mes anciens patrons, entreprise que j’ai dirigée pendant près de 4 ans, avant de la quitter pour monter mon business.
J’ai décidé de sauter le pas parce que j’avais envie d’injecter ma philosophie, mes valeurs et ma visiondans un projet, sans ingérence et sans contraintes hiérarchiques. J’avais le sentiment d’être prête à affronter les difficultés de l’entrepreneuriat, d’avoir le recul nécessaire et les connexions indispensables à la réussite d’un business. C’était le moment ou jamais, en somme, et j’aurais probablement regretté toute ma vie de ne pas avoir faut ce saut.
Que faut-il qu'un ISCAEISTE puisse développer comme compétences pour se lancer dans l’entrepreneuriat ?
Avant tout, de l’expérience. Je croise souvent de jeunes entrepreneurs qui se lancent sans avoir le background nécessaire, et qui échouent faute de maturité. Il faut maîtriser son sujet, avoir une idée forte et différenciante, avoir les ressources matérielles pour tenir jusqu'à ce que le business devienne rentable, et ne pas hésiter à solliciter le soutien de la famille, d’amis, de business angels ou d’associations de mentoring telles que Réseau Entreprendre Maroc, dont je suis membre.
Propos recueillis par Abbas Msefer