Nadia El Bouaamri : Alumni du mois (mars 2019)

 L’Alumni du mois de Mars 2019 :

Nadia EL BOUAAMRI

Directrice Institut ISCAE Casablanca

Une fervente défenseuse de la relation "Ecole - Entreprise"


La Bio

Nadia est née le 02 Décembre 1967 à Casablanca. Elle est diplômée du cycle normal de l’ISCAE- Casablanca (promotion 1989). Suite à l’obtention d’une bourse d’excellence, elle a poursuivi sa formation académique au Canada dans le domaine du marketing (MSC Marketing HEC Montréal, 1991) ; et plus récemment un élargissement de ses compétences à la gestion des ressources humaines (MBA GRH, 2015).

Nadia possède une expérience de plus de vingt ans dans le domaine de l’enseignement supérieur et de la formation pour cadres et dirigeants, tant par son rôle d’enseignante que par ses fonctions managériales.

Elle démarre son parcours professionnel à Montréal dans le domaine du Conseil Stratégique (TECSULT Canada). La découverte de l’enseignement commence à HEC Montréal, à un moment où sa vie de jeune mère l’amène à réconcilier ses aspirations personnelles et professionnelles de manière plus équilibrée.

La piqûre de l’enseignement la prend très vite et éveille une vraie passion, qui démarre au Canada et qui se poursuit au Maroc. En partenariat avec des institutions prestigieuses dans l’enseignement supérieur au Canada (HEC Montréal, Université de Sherbrooke) et au Maroc (établissements d’enseignements supérieurs publics et privés), elle a animé des formations et des séminaires inclus dans le cadre de cursus académiques de niveau Bachelor, Masters,

EMBA et pour des programmes de formation à la carte pour cadres et dirigeants, y compris à l’ISCAE. Plus de 15 ans au service de l’enseignement dans différents domaines du marketing : marketing stratégique, marketing des services, la communication marketing, la relation et le service client, l'analyse de marché. Sa conviction : La formation du capital humain est un levier solide au service de la performance et du positionnement stratégique de l’entreprise. En parallèle à ses activités de formations Nadia maintenait ses interventions en tant que consultante en marketing des services et en gestion stratégique des ressources humaines. A partir de 2008, c’est le retour aux postes de Direction en entreprise. Elle a occupé des postes de direction qui ont consolidé son expérience du management des services et de la gestion universitaire notamment en tant que DRH groupe AKSAL, Directeur des services pédagogiques Groupe ESIG, Directeur ESIG Casablanca. En 2017, elle fut nommée Directrice Institut ISCAE-Casablanca.

Nadia est mariée et maman d’une jeune fille de 25 ans et d’un jeune homme de 21 ans.


L'Interview

Quelles études avez-vous suivi à l’ISCAE ? 

Cycle Normal, Post Bac, sur 4 belles années.

 

Quel est votre meilleur souvenir ?

Un voyage à Laâyoune quand j’étais en 2ème ou 3ème année (1987/1988 si mes souvenirs sont bons). Une délégation réunissant des enseignants, des étudiants, des partenaires académiques internationaux ainsi que des chefs d’entreprises, tous réunis par l’ISCAE en vue de proposer des pistes de développement de la région. En étant en immersion dans la région et en interaction avec les acteurs locaux, en mode ateliers et débats aboutissant à des recommandations concrètes : Contribution collective à fort impact, et au service de la région. Une activité très valorisante pour les étudiants et une démonstration de la culture d’inclusion de l’ISCAE et de sa contribution effective aux sujets et aux enjeux du moment. Avec du recul, j’avais trouvé cette démarche très avant-gardiste et j’y trouve l’origine de mon intérêt pour les métiers du consulting. A côté de cela, plein de bons souvenirs tirés du vécu ISCAESITE et marqués par des mots, un code verbal, des adages, des phrases puissantes et des interactions avec des professeurs inoubliables.

 

Avez-vous gardé des contacts avec des anciens de votre promotion ?

Je suis partie tout de suite après ma diplomation, au Canada. Mon passage à Montréal qui devait être de courte durée, le temps de ma formation, a finalement duré plus que prévu. Cela m’a un peu éloigné de mes anciens condisciples, mais m’a permis de diversifier mon réseau des anciens, outre atlantique. Le plaisir de revoir les ISCAESITES 89’ et autres promotions, reste toutefois intact et puissant malgré les années.

 

Que vous ont apporté vos études dans votre parcours professionnel ?
Des valeurs, la capacité d’adaptation, la capacité d’analyse, le sens du devoir envers sa communauté et envers les institutions publiques. Rester connecté au terrain et être à 
l’écoute. Le « Oser entreprendre » et se lancer dans de nouveaux chantiers en y apportant de l’impact positif. Le fait qu’être « la crème de la crème », n’est pas un privilège acquis mais, au contraire, un engagement et un devoir de travail et de contribution à sa société et à son pays.

 

Quelle image avez-vous de l’ISCAE aujourd’hui en tant que ALUMNI ? Mais également en tant que Directrice ?

L’ISCAE est un Label d’excellence ; ses atouts sont construits sur un socle solide bâti autour des valeurs de rigueur et de méritocratie. Le capital immatériel de l’ISCAE fructifié au fil des années par la richesse de son intelligence collective, lui confère une position de leader national et une responsabilité plus grande en matière d’innovation pédagogique et de contributions intellectuelles. Préparer nos jeunes étudiants à leur responsabilité dans le nouveau contexte des affaires et en alignement avec les ambitions et les chantiers de transformation du Maroc à horizon 2030, est une mission qui interpelle un grand sens de l’engagement de la part de toutes les forces vives de l’ISCAE, y compris ses ALUMNI. Ce n’est pas une mission simple, mais c’est le « driver » qui nous mobilise et nous inspire tous les jours: Doter nos entreprises de talents engagés dans les chantiers de transformation qui caractérisent notre économie, nous pousse en effet à questionner notre modèle et nos paradigmes.

 

Pourquoi ce choix de travailler à l’ISCAE au lieu d’une entreprise ou autre cadre professionnel classique ?

Travailler en milieu universitaire est très stimulant et « écologique », d’autres raisons justifient ce choix de travailler à l’ISCAE. D’abord, l’ISCAE opère au cœur d’un véritable écosystème qui réunit des acteurs de plus en plus divers et avec des champs d’expertise qui apportent des éclairages et des enseignements au quotidien. L’ISCAE est par ailleurs engagé dans une démarche d’excellence à tous les niveaux de son fonctionnement, en tant qu’organisation/entreprise offrant une prestation de service publique. Les chantiers ouverts présentent de Vrais enjeux qui dépassent l’ISCAE, ces chantiers challengent par ailleurs, toutes les composantes de l’ISCAE, toute l’équipe ; en termes d’intelligence collective et de compétences managériales ; il y a de quoi puiser des sujets de thèses et d’examens parmi les plus corsés du parcours ISCAEISTE.

Un des facteurs qui a contribué à déposer ma candidature pour la Direction de l’ISCAE, c’est aussi le fait que Nada BIAZ, ISCAEISTE en tienne les rênes. ISCAESITE, première femme à diriger le Groupe ISCAE, engagée dans une transformation qualitative et une montée en force de l’ISCAE au Maroc et à l’international...tout cela éveille une intense volonté de contribuer à un beau projet.

Disons que je vois un certain alignement entre les chantiers stratégiques dans lesquels l’ISCAE est engagée et la contribution que je peux apporter.

 

Comment vivez-vous ce retour à l’Ecole qui vous a formée pour y mener une aventure professionnelle cette fois-ci ?

Avec la bonne dose, d’attachement et de fidélité intrinsèque à l’ISCAE, et le recul d’une relation dépassionnée pour rester objective et constructive. Mon sentiment envers les étudiants de l’ISCAE est particulier et comporte un aspect affectif qui ressemble à celui d’un grand frère ou d’une grande sœur envers sa fratrie.

 

Cela a été la devise que vous avez toujours prônée depuis que vous avez rejoint l’ISCAE : Renforcer le lien Ecole – Entreprise ! On le voit, on l’entend et on le sent dans le tissu des entreprises. PIP, PIS ou encore la 33ème Edition du carrefour du manager dont le thème principal a été « Higher Education and Corporate World : Brindging the Gap ». Pouvez- vous nous en dire plus sur cette relation « Ecole – Entreprise » ?

C’est peut-être le résultat de mon parcours et de ma vision du rôle impactant d’une Ecole de Commerce leader, en matière de contribution à la montée en compétence du capital humain des entreprises. En effet je considère que cette relation Ecole Entreprise est stratégique pour tout l’écosystème. J’ai la conviction que les relations entre le monde de l’entreprise et celui du système éducatif sont appelées à changer complétement, car un des grands enjeux de notre pays est de réussir la formation des jeunes. Il faut que les deux mondes s’interpénètrent et interagissent ; pour apprendre à connaitre les enjeux de chacun, à s’estimer mutuellement, à se comprendre et co-construire une formation à la hauteur des enjeux collectifs et des aspirations individuelles.

On ne sait pas forcément comment faire, car l’école et l’entreprise opèrent de manière différente et avec un rythme de fonctionnement et de réalisations qui leur sont propres ; cependant, il y a beaucoup d’enthousiasme de part et d’autre pour actionner cette relation et la maintenir dans le temps. Il faut rechercher des voix nouvelles même si cela est difficile et quelque fois rebutant, car il y un gisement de compétences et de talents au cœur de cette relation. C’est aussi la responsabilité de l’entreprise de contribuer à enrichir le potentiel de ce gisement, et de former par des dispositifs appropriés, les étudiants aux spécificités sectorielles dans lesquels elles opèrent.

Nous sommes conscients à l’ISCAE que les capacités d’adaptation au travail et à la complexité deviennent un enjeu primordial. Notre économie a plus besoin de personnes prenant responsabilité et initiatives, et des personnes qui intègrent les problématiques entreprises/secteurs de manière transverse ; peut-être plus que des lauréats maitrisant la technicité d’une discipline ou d’une filière. La relation école entreprise doit à mon sens, déboucher à augmenter la pertinence du contenu pédagogique et à affiner les qualités humaines et professionnelles des ISCAEistes, et également de ceux qui vont les managers au début de leur carrière. Nous avons affaire à une nouvelle génération de jeunes diplômés qui bousculement les pratiques de GRH, les qualités humaines des managers sont également challengées quand on travaille sur des projets mandatés par des entreprises.

Nous ne pouvons pas former nos étudiants dans un espace exclusivement académique, ce serait un cocon fragilisant.
L’ISCAE a d’ailleurs toujours opéré en étant dans l’ouverture et l’inclusion avec son écosystème ; nous continuons à mettre en place de nouveaux dispositifs qui permettent à l’étudiant de connaitre la vie professionnelle avant même d’en savoir assez pour travailler, de se familiariser avec les règles et la déontologie du monde de l’entreprise.

Le rapprochement ISCAE-ENTREPRISE sert aussi à élaborer de véritables parcours de formation tout au long de la vie, pour une remise à niveau ou une réorientation des collaborateurs. L’employabilité tout au long de la vie active, voilà une des valeurs à apporter au capital humain des entreprises partenaires.

Vraiment, nous avons tout à gagner à inviter les entreprises dans nos salles de cours, nos laboratoires de recherche, nos comités programmes exécutifs ; et à trouver des formats respectant les missions et les valeurs de deux parties et inscrits dans une logique Win- Win.

 

Quel serait la définition que vous donnerez des PIP et PIS, pour une entreprise qui en entend parler pour la 1ère fois ? Et quels en sont les objectifs ?

  • PIS : Projet D’impact Social, un dispositif qui concerne davantage le tissu associatif et les entreprises intégrant des projets à vocation sociale dans leur démarche RSE. Les étudiants de pré-master (1ère année Grande Ecole) travaillent en groupes sur une mission, dans un cadre associatif ou caritatif sur des sujets qui vont intégrer la notion d’impact social chez l’étudiant, le service communautaire et la responsabilité sociale. Sur un registre permettant une large marge de manœuvre aux étudiants et l’expression de leur créativité.
  • PIP : Projet D’immersion professionnelle, pour les étudiants de M1 (Master 1 – 2ème année Grande Ecole). Exercice pédagogique novateur s’inscrivant dans le cadre de la réingénierie du programme Grande Ecole du Groupe ISCAE, que beaucoup assimilent à un stage, car c’est le modèle dominant, mais en réalité la démarche pédagogique du PIP est beaucoup plus proche de l’apprentissage en alternance si on devait forcer la catégorisation. L’exercice consiste à résoudre un problème posé, dans un temps limité avec des contraintes et des exigences semblables à celles que vit le responsable. Le PIP n'induit pas nécessairement une immersion totale dans l'entreprise, mais une réelle proximité avec le responsable qui confie la mission, sur le plan RH le dispositif est un excellent exercice pour monter en compétence les qualités de leadership et de management des jeunes cadres dirigeants, qui agissent en tant que tuteurs des équipes PIP. C'est un challenge pour le représentant de l’entreprise, comme pour ses équipes, de relever un défi en un temps très court. L’impact d’un bon travail d’équipe ainsi vécu, est vite compris et ancré chez les étudiants et ils vivent en « Vrai » les conseils de leurs enseignants et des cours sur l’importance du travail en équipe. Ce n’est qu’un exemple, d’autres aspects comportementaux sont travaillés lors du PIP.

L’entreprise n’est pas en reste, l’exercice exige plus d’implication de sa part. L’entreprise nomme un porteur de projet parmi les cadres dirigeants, le temps du PIP, c’est une opportunité de contribuer à la formation des jeunes, de faire connaitre son entreprise, ses métiers et les enjeux du moment. Côtoyer des jeunes à l'esprit agile et créatif peut par ailleurs, offrir des opportunités de projets, voire de nouvelles perspectives pour les entreprises et à détecter des talents en cours de formation.

 

Quel message avez-vous à transmettre aux ALUMNI de l’ISCAE pour participer au développement de ce lien Ecole-Entreprise ?

Ils y participent déjà, par la proposition de PIP, par une présence lors des présentations des livrables et je saisis cette occasion pour remercier les pionniers qui nous ont suivi dans cette démarche ; il s’agit maintenant d’élargir la participation des ALUMNI que j’invite à agir en tant que facilitateur, pour nous permettre d’interagir avec les entreprises où ils opèrent. Une action de proximité « en corps à corps » est nécessaire pour exposer les modalités du PIP, ses objectifs et les bénéfices que cela apporte aux deux parties Ecole- Entreprise. Il faut un numéro spécial pour les PIP, occasion de remercier les entreprises participantes et de partager avec vous quelques retours récurrents de nos entreprises partenaires sur les résultats des PIP.

 

Parlez-nous des feedbacks des entreprises suite aux deux premières Editions des PIP/PIS ?

Nous sommes à notre deuxième édition, et en effet le recueil des feed back des entreprises et des équipes d’étudiants également, se fait à mi-parcours et à la fin de la période PIP. Nous n’avons pas encore finalisé le recueil des feed back de cette deuxième édition. Je serai ravie d’en débattre avec vous une fois l’exercice clôturé, il est d’ailleurs intéressant d’écouter toutes les parties : les managers qui suivent les équipes, les équipes d’étudiants ainsi que les enseignants qui suivent et qui apportent leurs conseils aux équipes PIP. En prenant conscience du Gap, on est à même à construire les ponts qu’il faut pour les réduire, dans la concertation et le respect des besoins de chacune des parties.

 

Que faut-il qu'un ISCAEISTE puisse développer comme compétences pour se lancer dans le monde professionnel, à votre avis ?

-  Des capacités à décoder rapidement la culture et les enjeux de l’entreprise qui l’accueille,

-  Utiliser intelligemment et contextuellement les connaissances acquises et restez en quête de l’APPRENDRE.

-  Développer un « Fight Spirit » au service de la recherche de solutions et des voies diversifiées pour dépasser les embuches.

-  Capitaliser sur sa connaissance du contexte marocain, de l’entreprise marocaine et son vécu au sein de l’ISCAE, un milieu d’une grande diversité sociale et régionale pour se positionner en tant que managers formés au plus hauts standards internationaux de la formation aux domaines de la gestion, avec une position privilégiée pour agir efficacement et en bonne intelligence car il a une très bonne connaissance de la culture régionale.

-  Elargir son ouverture internationale aux pays africains, enrichir sa compréhension des marchés africains et des ambitions des entreprises marocaines sur le continent.


Propos recueillis par :

Abbas MSEFER Vice-Président du comité directeur ALISCA Cycle normal ISCAE – Promotion 2000